Fin 2020, nous avons eu l’opportunité de rencontrer Dominique Aubry, directeur général de Chanel Rénovation, entreprise spécialisée dans la rénovation énergétique des bâtiments, et adhérente chez Attestation Légale depuis 2012.
Acteur régional engagé dans l’innovation… Découvrez l’histoire de Chanel Rénovation.
Attestation Légale : Pouvez-vous vous présenter brièvement à notre communauté et présenter votre entreprise Chanel Rénovation ?
Dominique Aubry : Mon associé Raphaël Dufer et moi avons rachetée Chanel Rénovation, entreprise de plâtrerie, peinture et ravalement de façade, en 2001 à monsieur Jean Chanel, artisan de métier. L’entreprise employait 50 personnes et faisait 6 millions d’euros de chiffre d’affaires. Nous nous sommes par la suite développés au travers de croissances externes et de croissances propres de Chanel. Aujourd’hui, nous employons 180 personnes et faisons un chiffre d’affaires de 40 millions d’euros. Chanel a toujours fait de la rénovation énergétique, anciennement appelée isolation thermique, et nous travaillons uniquement sur la région Rhône-Alpes.
Commençons par parler du plan de relance annoncé par le gouvernement en septembre 2020 en faveur de la transition écologique. Une bonne nouvelle pour Chanel Rénovation ?
DA : C’est plutôt une bonne nouvelle. A la suite du Grenelle Environnement, nous nous sommes dit que Chanel était une entreprise sur un secteur très porteur, surtout lorsque le gouvernement annonce le plan de relance pour la réhabilitation de bâtiments administratifs ou de logements. L’idée de proposer des rénovations globales qui ne prennent pas en compte que l’extérieur mais aussi tout l’intérieur s’inscrit évidemment dans le business et les compétences d’Operene avec qui on travaille tous les jours. Il s’agit de notre cœur de métier donc on se sent à l’abri sur notre cœur de métier.
Quels liens vous unissent avec Operene ?
DA : Les liens qui nous unissent sont capitalistiques dans un premier temps. Mais ce sont nos métiers qui sont complémentaires. Il y a une synergie entre les contrats de performance énergétique que peut proposer Operene et nos compétences en matière de réalisation et d’organisation de chantiers.
Est-ce que, comme Operene, vous avez peur de la mise en place de ce plan de relance par le gouvernement ?
DA : Sans forcément parler de plan de relance, on a un contexte politique général où il y a une vraie prise de conscience nationale des enjeux climatiques. Nous sommes donc déjà sur un créneau porteur. Nous pensons que cela a du sens que le gouvernement mette de l’argent sur un créneau déjà porteur. Nos clients, bailleurs sociaux pour l’essentiel, nous annonçaient leur volonté d’accélérer les rénovations énergétiques, bien avant le plan de relance. Politiquent, c’est le sens général de la société donc j’ai confiance.
En tant qu’acteur important de la rénovation énergétique en Auvergne Rhône-Alpes, quelle place accordez-vous à l’innovation ? Des projets particuliers à nous évoquer ?
DA : Nous avons deux projets de recherche et développement initiés par notre ancien directeur général Nicolas Petit. Pour la première fois, on s’est posé la question de l’avenir de nos métiers et de leur industrialisation à travers le projet européen EnergieSprong. Nous avons travaillé sur l’industrialisation des éléments de façade et l’isolation. Aujourd’hui, lorsque l’on fait un chantier, on amène les éléments matériels pour mettre en place le chantier, le personnel et on travaille sur place.
Notre projet BARDFAST consiste à créer en atelier des panneaux de grande dimension, de 15 m² environ, qui vont être mis en place directement sur les façades par des accroches. Nous les avons conçues et brevetées à l’aise d’une grue sans monter d’échafaudage. Nous travaillons actuellement sur la future machine de pose des panneaux de façade pour plus de sécurité.
De ce projet est né un projet qui s’appelle Es’ope. Avec Operene, qui intervient dans un cadre de rénovation énergétique globale et d’économie d’énergie. L’objectif est d’amener des bâtiments existants à énergie « 0 », avec une garantie de 30 ans et avec des systèmes d’industrialisation. Le but est d’essayer de baisser les coûts et d’être capable de répondre à une demande de masse.
© Chanel Rénovation
Justement, parlez-nous du projet Es’ope lancé en 2018, dont vous êtes tous deux partenaires ? Où en êtes-vous ? Vous promettez une rénovation de l’habitat individuel et collectif avec une consommation nulle garantie après travaux, qu’est-ce que ça veut dire ?
DA : Il s’agit d’un projet régional avec des PME régionales aussi. Chanel est le coordinateur du groupement et intervient sur les façades. Nous avons également Lorillard, entreprise nationale, qui vient intégrer des fenêtres dans nos panneaux de façade pour que, lors de la pose tout soit posé en même temps. Puis Eolya de Grenoble qui intervient sur les systèmes de chauffage et de ventilation. Ensuite vient l’entreprise Rosaz Energie de Savoie qui intervient sur la partie photovoltaïque et les panneaux solaires d’une manière générale. Nous avons également deux bureaux d’études : IRFTS qui étudie les systèmes liés au panneaux photovoltaïques, situé à Bron, et Enertech pour la partie thermique, situé dans la Drôme. Nous nous appuyons surtout sur les compétences de recherche de l’INES (Institut National des Energies Solaires) basé au Bourget du lac et qui est une émanation du CEA. Et pour finir, nous avons Operene qui intervient sur la partie contractuelle et engagement énergétique. Ce groupement s’inscrit dans le cadre d’EnergySprong.
L’énergie « 0 » c’est réduire les consommations d’énergie et produire de façon propre les énergies que l’on va consommer. L’idée est de faire du bâtiment existant souvent très consommateur, communément appelé passoire thermique, un bâtiment vertueux en matière de consommation d’énergie.
Sur ce projet Es’ope, c’est la collaboration avant tout ?
DA : Absolument, c’est un travail que l’on fait tous ensemble. Nous mettons en commun nos compétences et nos contraintes respectives. Nous travaillons en groupement solidaire.
Sur le projet BARDFAST, nous avons fait un chantier expérimental sur Villeurbanne. Le bailleur social Est Métropole Habitat nous a prêté un bâtiment pour tester la mise en place de nos panneaux et nous les remercions vivement.
Pour le projet Es’ope, l’ensemble de nos systèmes ont été installés sur des maisons expérimentales IBB de l’INES au Bourget-du-Lac. Dans le cadre du sujet de recherche financé par l’ADEME, nous avons 5 démonstrateurs à faire qui seront des vraies habitations individuelles ou collectives. Elles seront rénovées avec l’ensemble de nos systèmes.
Vous faites partie des clients pionniers chez Attestation Légale (adhérent actif depuis avril 2012). Pouvez-vous nous dire ce qui vous ferait quitter le réseau Attestation Légale aujourd’hui ?
DA : Le dépôt de bilan d’Attestation Légale éventuellement. Nous n’avons aucune raison de quitter le réseau Attestation Légale. C’est un confort et une sécurité dans la gestion administrative de nos sous-traitants qui sont souvent des petites structures où le chef d’entreprise intervient sur chantier et a peu de temps à consacrer à ces tâches. Nous sommes très vigilants de notre côté et les obligeons à être à jour de leurs attestations pour le bon déroulement des chantiers.
En moyenne chez Attestation Légale, une entreprise de construction comme Chanel Rénovation est en relation avec 15 clients et 170 fournisseurs. Pour vous, 125 clients et 286 fournisseurs. La solution Attestation Légale est visiblement bien ancrée dans vos processus internes…
DA : Oui, tout à fait. Chez nous un nouveau sous-traitant ne peut pas travailler pour Chanel s’il n’adhère pas à Attestation Légale. C’est un point de passage obligé pour nous, car c’est une vraie sécurité.
Depuis janvier 2019, vous êtes membre actif de l’association Construct Lab, association qui contribue au développement de la filière BTP-Construction par l’innovation. Pourquoi avoir choisi de rejoindre cette communauté ?
DA : C’est surtout l’opportunité de projet. Nous sommes actionnaires de Nexxio qui a lancé l’association Construct Lab. Attestation Légale et Nexxio sont des outils utiles à notre production qui comblent des manques organisationnels. Nous avons adhéré à l’idée du service en premier lieu, mais aussi à la solution informatique apportée. Construct Lab est un réceptacle d’idées porteuses pour l’avenir financier et surtout la facilité dans notre quotidien.
Est-ce que vous pensez vous aussi que le secteur du BTP et de la construction est en retard en matière de digitalisation de ses processus ?
DA : Le monde du BTP est en retard sur beaucoup de choses, comme l’innovation technologique. Mais nous avons l’un des secteurs les plus prometteurs en termes de prise en compte de l’humain et de l’ascenseur social. Beaucoup d’endroits permettent des progrès en termes de digitalisation. Cependant le progrès doit surtout répondre à des services pour aider et faciliter notre fonctionnement. Aujourd’hui toutes les entreprises travaillent avec des logiciels de gestion, ce qui ne se faisait pas avant. On peut dire qu’on a tout de même suivi le courant.
© Chanel Rénovation
Nous traversons une crise sans précédent et tous les corps de métiers ont dû s’adapter, comment faites-vous, en tant que PME, face à cette crise ? Qu’avez-vous instauré au sein de vos entreprises ?
DA : Nous avons mis en place le télétravail sur certains postes. Pour les chantiers, nous avons instauré tous les outils sanitaires et d’organisation nécessaires. Les contraintes n’ont pas été si lourdes que ça, c’était plus un bousculement des habitudes. A la réception des premières notices gouvernementales, le nettoyage régulier et les désinfections ont été mis en place. Ce qui nous a amené à confier ces tâches à une société externe. Plus classiquement, le lavage des mains régulier et le port du masque ont été des incontournables pour nos équipes.
Si l’on doit faire un focus sur vos métiers de bureau et d’innovations, cette période de confinement et d’après crise vous a plutôt bloqué ou vous a plutôt boosté au contraire ?
DA : L’impact sur notre activité est minime pour le moment. Mais il risque de s’accentuer dans les années à venir. Jusqu’à fin 2021, nous aurons encore des projets en cours. Au-delà, nous ne connaissons pas l’évolution possible sur nos commandes. Même avec les nombreux travaux en vue, on pense que la concurrence va être plus exacerbée, ce qui pourrait nous mettre en difficulté. De plus, les nouvelles organisations des chantiers sont difficiles à mettre en place et les délais pourraient ne pas être respectés au vu de la situation actuelle.
En tant que patron de PME, avez-vous un dernier mot à nos lecteurs, entrepreneurs du bâtiment ?
DA : Je suis étonné que les innovations dans le bâtiment ne proviennent pas de notre secteur. Souvent, les idées d’amélioration viennent d’acteurs extérieurs. Généralement, lorsque nous rencontrons des problèmes, nous nous adaptons pour les gérer. On ne réfléchit pas à les supprimer. Nous devrions chercher des solutions nous-mêmes pour les résoudre.
Merci beaucoup Dominique pour votre témoignage.
Redécouvrez également le témoignage de Hugo Vigneron, PDG d’Operene.
Si vous aussi, vous souhaitez en savoir plus sur Chanel Rénovation, n’hésitez pas à aller visiter leur site web, ou à contacter Dominique Aubry de notre part :